L'histoire de "La Platière"
Un peu d'histoire
Depuis le 1er janvier 2024, l’horticulture SARL LA PLATIERE a été reprise L’EURL EMMANUEL BAILLY Sous l’entité commerciale « les serres de la platière ».
En effet, Eric COMTE, après 41 ans de carrière au sein de l’horticulture familiale, a fait valoir son droit à la retraite.
La Platière était une entreprise familiale depuis 1856
A l’époque, la Platière était un vaste domaine appartenant à la famille JEANGUILLAUME, une famille parisienne qui utilisait ce domaine en « retour de chasse ».
En 1856, Etienne BOUVERET s’installe en tant que pépiniériste sur ce domaine. Il a été rejoint en 1860 par son fils Albert BOUVERET.
Pasteur et la famille Bouveret
Dès 1879, Pasteur souhaite transformer sa maison arboisienne et son jardin. La famille arrive à Arbois à la fin du mois de juillet 1879. Dès le 28 juillet, les travaux de gros oeuvre débutent. Pasteur n’a choisi que des ouvriers arboisiens et pour son jardin : Étienne Bouveret horticulteur.
A l’automne 1880, Étienne Bouveret achève les « grands travaux » : il trace le jardin et plante les essences dont : 10 bottes de buis, 4 platanes, 3 genévriers forts, 2 thuyas du Canada…, pour un total de plus de 100 F.
En privilégiant un horticulteur d’Arbois, Louis Pasteur fait non seulement travailler une entreprise locale mais bénéficie surtout de végétaux acclimatés au climat du Jura, ce qui permet d’optimiser leur reprise.
Par ailleurs, Bouveret jouit d’une excellente notoriété pour la qualité de sa pépinière comme l’indique le Bulletin de la Société d’agriculture, sciences et arts de Poligny. Pasteur est très sensible à cette distinction, étant lui même membre de la Société de viticulture et d’horticulture d’Arbois.
La famille Bouveret reste au service de la famille Pasteur. Une lettre de 1889 en témoigne « Ce n’est que du 29 au 30 [août] que nous irons à Arbois. D’ici là et la bonté de faire faire par Bouveret une ou deux façons à notre jardin qui doit en avoir grand besoin ».
Avant d’arriver en 1909, Mme Pasteur demande à l’horticulteur d’Arbois Bouveret « de donner une petite façon à [son] jardin », elle ajoute : « Je vous recommande ma plante grimpante qui doit garnir le dessous de la galerie du côté du jardin. Qu’elle suive bien le grillage vert et que la vigne soit dirigée sur la barrière au bord de l’eau. Duley après cela pourra voir de temps en temps si ça marche bien et arroser, comme il doit le faire, la plante du devant de la maison sur la rue »
Bouveret, Etienne, avait établi selon toutes les règles de l’arboriculture, dans l’hiver de 1858-1859 une pépinière de 1100 sujets, tant poiriers-francs, cognassiers, pommiers que cerisiers et pruniers; il en greffait déjà 300 en août 1859; au printemps de 1860, mille nouveaux sujets ont été plantés. Elève du célèbre Jamin, M. Bouveret vous est signalé comme un jardinier intelligent, ayant l’amour de son état.
La Commission décerne:
Une médaille de 1er classe à M.Bouveret, d’Arbois, pour sa belle pépinière.
Étienne Bouveret l’excellente au XIXème siècles comme le relate le bulletin de la Société d’agriculture, sciences et arts de Poligny – 1860
1885 le phylloxéra, Pasteur et Albert Bouveret
Pasteur avait été mandaté pour travailler sur le phylloxera. Mais trop engagé dans d’autres études, notamment dans celles de la rage, il ne se plongera pas dans ce travail. Néanmoins Bouveret est mentionné dans une communication pour avoir tester les cépages américains.
Le 9 octobre 1885, Pasteur fait parvenir à son ami arboisien Vercel une communication de son collaborateur Émile Roux sur le phylloxéra afin que la société de viticulture d’Arbois en prennent connaissance. Pasteur précise : « M. Gayon qui a fait les dosages indiqués […] est un des anciens préparateurs de mon laboratoire, aujourd’hui professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux. M. Millardet, l’auteur de la méthode indiquée pour combattre le mildew (sic), est un des collègues de M. Gayon, fort connu par ses travaux sur les cépages américains et le même qui a eu l’obligeance de m’envoyer il y a quelques années des pépins de cépages d’Amérique qui ont été mis en culture par M. Bouveret ».
Le 12 février 1888, la maire d’Arbois propose Albert Bouveret, qui accepte, de cultiver et d’entretenir, moyennant une indemnité, 653 plants américains. Le terrain où se fera la plantation sera loué à la ville. Il va sans dire qu’il s’agit de producteurs directs de plusieurs variétés, ce qui permettra d’étudier leur développement respectif et d’utiliser, pour être greffées avec des plants du pays, celles qui offriront le plus d’avantages.
La lignée des Bouveret se poursuit avec le petit d’Étienne, René BOUVERET et l’arrière petit-fils Albert BOUVERET dit Titi. L’activité se développe en maraichage, la vente se fait sur les marchés en charrette.
1924 René Bouveret et le monument aux morts d’Arbois
Le 14 juillet 1924, Arbois inaugure son monument aux morts. À l’arrière du monument, sur les dessins de l’architecte André Papillard, René Bouveret, horticulteur à Arbois, avait planté des essences permettant d’accentuer la monumentalité de l’ensemble tout en rappelant le caractère funéraire des lieux (wellingtonia, ampelopsis, ifs communs, cyprès borealis, seringas, aristoloches, pensées, gnaphaliums, cinéraires, anthémis, capucines, cosmos). Une partie de ces spécimens a été aujourd’hui coupée ou remplacée.
Lors de la seconde guerre, Titi est prisonnier et ne rentrera sur le domaine qu’en 1946 après la libération.
De retour à la Platière, il va créer des serres. L’horticulture prend un nouvel essor. Il va construire des petites serres en verres et des couches (caissons couverts de châssis vitrés).
Les ventes de l’horticulture se font sur les marchés de Saint-Claude, Pontarlier et Besançon en camionnette C4 puis en camion V 23.
André COMTE arriva à la Platière en 1953 en tant qu’employé d’Albert. Après le service militaire il revient à l’horticulture en 1958, il se maria avec la fille d’Albert, Josie, en 1960.
En 1974, les enfants d’Albert (Jacques, Serge et Josie) ont rejoint l’horticulture et ensemble ils formeront le Gaec de la Platière.
Albert BOUVERET, prend sa retraite en 1990.
Le 31 décembre 1990, suite départ de serge BOUVERET, Eric COMTE, le fils de Josie et André rejoint le gaec.
André et Josie ont pris leur retraite dans les années 2000, puis Jacques en 2013.
Depuis 2014 Eric COMTE a repris, seul, l’activité et créa la SARL LA PLATIERE.
La famille Bouveret et le Biou
Éric Comte fleurit le Biou et fait vivre une tradition qui remonte à six générations. Depuis son enfance, Éric Comte a vu son grand-père fleurir le Biou, cette majestueuse grappe de raisins que les vignerons portent en offrande à l’église chaque premier dimanche de septembre. Il y a 40 ans, son aïeul lui a transmis cette charge.
C’est l’histoire d’une véritable tradition familiale qu’Éric Comte continue d’honorer avec soin. « On garnit le Biou depuis toujours, depuis que la société d’horticulture a été créée en 1858. J’en ai hérité de mon grand-père et je le fais personnellement depuis les années 1980. »
Pour le bouquet, le thème floral et les couleurs sont à son libre choix. Il le décore avec son épouse qui est encore « plus mordue » que lui. « Ça ne varie jamais vraiment beaucoup. Le glaïeul revient souvent avec les roses, les œillets, les tournesols… ça dépend de ce que je trouve. Il peut y avoir aussi des chardons, des lys. Il faut bien une cinquantaine de tiges plus du feuillage, de la gypsophile pour faire ce bouquet qui décore le Biou. »
L’ornement du Biou se fait le dimanche matin très tôt vers 7 h avant le départ du cortège à 9h 40
Sources :
Philippe Bruniaux. Pasteur à Arbois, thèse octobre 2005
Roger Gibey. Bulletins de la société de viticulture et d’horticulture d’Arbois, extraits choisis, 2008
Étude sur le jardin de Pasteur à Arbois, cabinet Jardins d’Histoire
Association « Pasteur patrimoine arboisien »
Article de presse « Le Progrès » de Bernard Guillot du 27 novembre 2023
« Eric Comte, 6e génération d’horticulteur, passe la main à un autre Arboisien »
Fondée par la famille Bouveret dont Eric Comte représente la sixième génération, la SARL La Platière, spécialisée dans la production et la vente de fleurs aux particuliers et aux fleuristes a été rachetée par Emmanuel Bailly.
De gauche à droite :
Emmanuel BAILLY (gérant de l’EURL BAILLY) et sa compagne, Sandrine GONDEAUX (Responsable du site La Platière),
André COMTE, Agnès et Eric COMTE (les anciens propriétaires)